des choses que nous partagions cette viande, c’était une denrée tellement
rare.
— Bon mes enfants, pour l’instant nous allons déjeuner avec votre tante
Incarnacion, puis aussitôt après nous rentrons chez nous, vous comprenez
que nous avons beaucoup de décisions à prendre.
Le dîner fut triste, personne n’avait vraiment faim et nous étions tous
repliés sur nos souvenirs et notre peine. Seuls Isabel et Antonio jouaient
dans un coin avec un chat. Notre silence fut coupé par le rire d’Isabel qui
frappait joyeusement dans ses mains. Merci petite sœur tu donnais le
signal de la vie. Je vis une lueur dans l’oeil de maman.
— Mes enfants, nous venons d’être touchés par un grand malheur. Jusqu'à
présent, nous étions pauvres, mais heureux quand même, car nous étions
une famille. Quand il était là, notre misère nous paraissait supportable.
Maintenant, je sens que tout s’assombrit. Je ne peux pas toute seule vous
nourrir. Croyez, que je souffrirais, mais il y va de notre survie. Nous
devons nous séparer, j’ai espoir qu’un jour Dieu voudra nous réunir à
nouveau.
Abasourdis, nous écoutions sans tout comprendre. Sauf que l’heure était
grave.
— Toi Miguel, ton père avait bien fait de te placer chez les Bernardos. Ils
ont des terres riches et du travail. Ils ont beaucoup d’ouvriers, tu peux à
l’avenir avoir une bonne place. Quand tu toucheras un peu d’argent, pense à
nous. Je suis étonnée que votre oncle Helenio ne soit pas venu à
l’enterrement de son frère !
— Hier senior Bernardos a envoyé quelqu’un chez l’armateur. Le bateau de
l’oncle n’arrive que dans trois jours.
— C’est parfait. Toi Hernan tu as dit, que tu voudrais être marin comme ton
oncle. Helenio a proposé à ton père de te faire embarquer comme mousse,
je vais accepter, car un marin mange à sa faim, et couche au chaud. Je sais
mes enfants que cela est dur pour nous tous, mais nous pouvons mourir
tous ensemble ou bien partager les risques et laisser une petite chance a
chacun.
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