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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 01:37

en le couvrant de baisers, il vivrait. Il nous aimait trop pour nous 

abandonner. 

Un de ses amis me souleva et m’emporta sur la berge. Je pleurais 

doucement sur son épaule. 

— Pleure, pleure mon petit Hernan. Ton père méritait ton chagrin. Mais 

verse des larmes aujourd'hui, car demain tu n’en auras pas le temps, tu es 

maintenant avec ta brave mère, chef de famille, avec une sœur et un frère 

qui ont besoin de toi. Tu as fini ce jour ton enfance, au prochain matin, tu te 

réveilleras homme. 

Avec beaucoup d’attention, ses amis retiraient un à un les 

enchevêtrements dans lesquels était retenu le corps de mon père. Enfin, il 

apparut, flottant mollement. ils le prirent par les bras et les jambes pour 

l’amener doucement vers la berge. 

— Incroyable ! il ne veut pas la lâcher. 

Mon père avait sa puissante main fermée sur la patte arrière de sa chèvre 

et même la mort n’avait pu en desserrer l’étau. Ils les conduisirent ainsi 

soudés tous les deux sur le bord. Ils allongèrent papa et lentement doigt 

après doigt, lui firent lâcher la chèvre. Celle-ci libre, ils la laissèrent 

couché sur le flanc pour qu’elle récupère. Avec leurs grands mouchoirs, ils 

essuyaient son visage, et débarrassaient son corps de toutes les herbes et 

détritus qui le souillaient. 

Je m’approchais de mon père, j’avais retrouvé mon calme, ma douleur 

était intérieure. J’avais bien compris les conseils de son ami, et dès cet 

instant je pris la décision de vivre, que pour lui faire honneur. M’avançant, 

je me penchais et l’embrassais tendrement. À son oreille, pour lui seul, je 

répétais le serment que je venais de faire. Je le regardais, il avait sur le 

visage une douce expression, il avait le sourire d’un père qui a accompli 

son devoir. Il avait pour nous sauvé la chèvre. Ses amis avaient fait un 

brancard avec des branchages sur lesquels ils le déposèrent délicatement. 

-Allez la chèvre tu en as assez fait pour aujourd'hui ! debout, il faut 

rentrer. 

Du pied il la poussa, mais la pauvre bête ne bougeât pas, elle émit un faible 

bêlement. Alors, l’homme l’a pris sous le ventre pour la lever et il la posa 

sur ses pattes. La bête s’écroula. 


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